Le 22 novembre, l’équipe Climate Adaptation Consulting (Rachel Jouan Daniel, Elodie Yan et Sarah Jouan) a animé un atelier de facilitation en intelligence collective dans le cadre du séminaire « Risques d’effondrements et adaptations » organisé à l’EISTI (École Internationale des Sciences du Traitement de l’Information, à Cergy) par S. Linou (https://eisti.fr/fr/article/le-module-risques-deffondrements-et-adaptations-ouvert-au-grand-public).
L’objectif pédagogique de cet atelier était de réinvestir les acquis du séminaire. Pour y répondre, CAC a conçu un exercice innovant de mise en situation pour élaborer le récit – ou « storytelling » – d’un système existant, explorer les limites de ce système, dégager les conséquences d’un choc plausible sur celui-ci pour ensuite proposer un nouveau récit « alternatif ».
Trois thèmes d’actualité ont été challengés par les participants :
- La sécurité sanitaire, à travers l’exemple des ruptures d’antibiotiques à l’hôpital, actuellement « sur la table » du Ministère des Solidarités et de la Santé ;
- La sécurité alimentaire des territoires, de plus en plus questionnée par les collectivités face aux enjeux climatiques et sociétaux ;
- Le modèle de la Smart City du futur, à travers divers exemples dont celui du « Paris Smart City 2050 », qui tend à s’imposer dans l’imaginaire de certaines métropoles mondialisées.
En pratique, les 30 participants, répartis en 6 groupes – 2 groupes par thème – ont été accompagnés d’une facilitatrice de Climate Adaptation Consulting et d’un.e expert.e par thème : Marie-Hélène Dick, présidente de Panpharma, laboratoire français spécialisé dans les médicaments à l’hôpital, Stéphane Linou, pionnier du mouvement Locavore et auteur de Résilience alimentaire et Sécurité nationale, et Arthur Keller, spécialiste du storytelling, des vulnérabilités systémiques et de la résilience pour la Smart City du futur. Une restitution croisée des 6 groupes a permis de partager les récits écrits collectivement.
Ainsi, malgré la diversité des thèmes et des chocs (disparition en mer d’un cargo transportant les matières premières pour les antibiotiques en Europe, politique chinoise en faveur de son marché intérieur, grève des transports empêchant l’approvisionnement des grandes surfaces, panne générale de courant paralysant la Smart City, cyber-attaques sur la ville intelligente ou les centrales d’achat), les participants ont mis en évidence la vulnérabilité des 3 systèmes étudiés à plusieurs types de risques, y compris des risques majeurs de santé publique et de sécurité civile. Des changements importants et des récits nouveaux ont été proposés pour chaque système.
Par exemple, la relocalisation de la fabrication des matières premières d’antibiotiques est apparue comme indispensable, a minima à l’échelle européenne, afin de sortir de la dépendance à l’Asie sur ces ressources stratégiques pour la santé publique. Avec une autonomie alimentaire des villes de l’ordre de 2% aujourd’hui, privilégier des circuits d’approvisionnement plus locaux et diversifier la production alimentaire des territoires semblent incontournables pour assurer la résilience alimentaire des villes aujourd’hui dépendantes et sous perfusion de la grande distribution. La ville du futur, pour être acceptable, devra placer le bien-être de ses habitants au cœur de son développement sans pour autant reposer sur les big data ni dépendre des systèmes informatisés et automatisés.
Cet exercice pédagogique en intelligence collective aura montré qu’alors même que les participants ne sont pas des experts des thèmes proposés, ils ont su rapidement, à partir de quelques données contextuelles, décoder leurs récits, identifier leurs limites et proposer d’autres solutions et d’autre récits… Cet exercice démontre une nouvelle fois que l’intelligence collective s’enrichit de la diversité non experte et ce d’autant qu’elle se joue dans un climat bienveillant.
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